Première question, on fait du vélo au quotidien, mais se lancer dans une aventure comme ça c'est quelque chose,

pourquoi tu fais ça ?

"- Attaque de Pedro Delgado ! 

- Greg Lemond saute dans sa roue, Fignon coince...

- Et le contre de Greg Lemond !...

Tour de france 89 ?

Non, Pyrénées-Orientales, Haut-Vallespir, montée vers Prats de Mollo, quelques jours après la victoire de l’américain sur le français, pour 8 secondes. Pedro Delgado c’est mon père et moi Greg Lemond. La passion du vélo remonte à mon enfance passée dans les Pyrénées-Orientales. Transmise par mon père, grand supporter de Jacques Anquetil. C’était l’époque du vélo sans casque, cheveux au vent, combinaisons fluorescentes. Nous roulions chaque dimanche entre la France et l’Espagne. Mon père est parti pour sa dernière échappée il y a deux ans ; j’ai repris le vélo, ma façon de penser à lui ; j’ai un casque et moins de cheveux, mais la passion est toujours là et il m’arrive de porter des maillots fluo. (ndlr : les maillots PedalED porté cette année par notre poulain, sont en effet rouge !) L’an passé j’ai participé à une course d’endurance similaire, la French Divide, en vrai néophyte. Je n’étais d’ailleurs pas vraiment dans un esprit course. Le but était de découvrir la France par ses chemins et pistes non bitumées. J’ai du composer avec un genou capricieux et un fessier entaillé après 4 jours de vélo par de fortes températures. Cela m’a obligé à pédaler en danseuse plusieurs jours de suite. Malgré ça, j’ai tout de même terminé l’épreuve, dans les profondeurs du classement. Je ne pensais pas participer à une nouvelle course.  Le 1er jour  de la French Divide, Maxime Barrât, un habitué des courses d’endurance m’a parlé de la Silk Road Mountain Race. Quelques jours après la fin de l’épreuve, ma sœur m’a montré la vidéo de présentation de l’événement.

Wild Horses, The Silk Road Mountain Race documentary. from PEdALED on Vimeo.

La beauté des paysages m’a frappé. L’envie de découvrir le Kirghizstan, de parcourir d’immenses espaces sauvages, de vivre une aventure hors-norme a commencé à croître et l’idée de participer à germer dans un coin de ma tête. J’ai donc candidaté fin 2018. J’ai reçu la confirmation que ma candidature avait été retenue un mois plus tard.

Une course comme ça, ça se prépare,

c'est quoi le secret ?

Vélo, boulot, dodo

(ndlr : ça on connait !)

La principale difficulté pour me préparer, un travail chronophage, avec de nombreux déplacements, source de fatigue et de stress. Sorties vélo le week-end et vélo-taf les rares fois où je n’étais pas en déplacement. 4000 kms d’entraînement grand max. Flandres principalement. Quelques parcours historiques tel le Paris Roubaix. 

L’acclimatation

Je suis parti dix jours avant la course afin de m’acclimater à l’altitude et aux bactéries locales. Nous avons, avec les proches qui m'accompagnaient, parcouru les montagnes à pied et à cheval

Kirghistan à cheval

Et la course alors ?

Comment résumer la course ? Une succession de montées et descentes sur des pistes plus ou moins roulantes. Des paysages à couper le souffle, encore plus beaux à observer de ses propres yeux qu’au travers d’une vidéo. Des conditions météo changeantes, avec de gros écarts de températures entre la plaine et le sommet des cols franchis.

Kirghistan à vélo

L’altitude qui réduit nos capacités physiques. Le “bike hiking” ou la poussette en français, l’art de passer les pentes les plus raides avec son vélo de 27 kg. Les erreurs de parcours et les kms supplémentaires parcourus. La dangerosité de certains passages, le Tong Pass et le Kok- Airyk Pass en particulier où la chute est interdite à certains endroits. L’accueil des kirghizes et leur bonne humeur. Les attaques de chien, les types alcoolisés à la vodka, les chauffeurs de camion qui veulent t’envoyer dans le ravin. Le thé sous la yourte, simple mais tellement appréciable.

Kirghistan à vélo, sur la route de la soie

Photo Silk Road Mountain Race

Le beuglement du Yak. Les ascensions sous l’orage, la pluie, la grêle. Le froid et la chaleur. Mes affaires trempées après avoir essuyé un gros orage sur une plaine d’altitude, sans possibilité de m’abriter ; l’onglée qui a suivi et les grelottements pendant 30 min dans mon sac de couchage le temps de me réchauffer. L’avant dernière étape galère, avec la perte d’une sacoche ou se trouvait ma nourriture, 50 kms de marche, crevaison, pompe à vélo HS, manque d’eau. La descente vertigineuse sur le lac Issyk Kul avec sa piste boueuse où je me tire la bourre avec deux coureurs allemands. Les marmottes bien dodues, qui courent se planquer à ton passage. Les descentes à fond la caisse sur mon Santa Cruz Highball. Les nombreuses traversées de rivières, qui nécessitent de se déchausser et de bien choisir ses appuis au risque de se faire embarquer. L’arrivée à Cholpon Ata, à 5h du matin, fatigué par une dernière étape de 21 h. Le sentiment d’accomplissement une fois la ligne d’arrivée franchie. La quiétude et la nonchalance des coureurs après la course. La première bière fraîche après 1 mois et demi sans boire d’alcool. Le sourire et la convivialité des coureurs.

Merci Fred ! et bonne reprise du vélo, boulot, dodo pour la prochaine aventure alors !

Produits associés

Articles en relation

Partager ce contenu